Observatoire National des Cultures Taurines

Observatoire National
des Cultures Taurines

C’est l’époque où il est gratifiant d’aller “A los toros”, on se passionne pour l’art de la tauromachie, et Cano en Espagne, Clergue en France, parmi d’autres, ont pu immortaliser la venue de sommités du monde des arts, des lettres et du cinéma, Picasso, Cocteau, Hemingway, Orson Welles et bien d’autres, dans les plus grandes arènes ainsi que dans d’autres plus modestes.

 

Jane Mainsfield à Valencia aux les Fallas en 1963(El Ruedo.)

On se situe désormais dans une époque où la tauromachie est devenue plus “artistique”, déjà souvent, hélas, au détriment du toro dont l’âge et le trapio ne sont pas toujours pris en considération, mais les figuras sont nombreuses et elles n’ont pas les mêmes exigences que celles d’aujourd’hui pour ce qui est des encastes et des fers.

La lidia a déjà connu une évolution facilement décelable à travers les photos reproduites dans les revues. Ainsi si on s’appuie sur une année entière, 1963, de la revue “El Ruedo, on n’y trouve pratiquement plus de photos de piques et bien sûr plus du tout de portraits de picadors, et lorsque par hasard il y a la photo d’une bonne “suerte de vara”, elle est présentée comme “antologica”

 

Une des rares, sinon la seule,photo de pique
publiée dans la revue El Ruedo en 63 et présentée

comme “Antologica”

La photographie taurine est entrée dans une ère nouvelle, le cadrage peut être plus serré, si le photographe choisi cette option, et ainsi un acteur ou une scène peuvent être isolés de l’ensemble du contexte. Le public n’apparaît plus systématiquement sur toutes les photos et il est possible de  privilégier un des acteurs, une attitude ou une mimique, voire un détail, qui aurait complètement échappé au public. Le résultat peut bien entendu également être obtenu au moment du tirage mais un agrandissement très important nuit à la qualité finale de la photo, d’autant qu’en plus dans les revues de l’époque la qualité de la photogravure et de l’impression laisse à désirer et on est souvent surpris de redécouvrir une photo connue, soit dans un ouvrage de qualité, soit dans une exposition.

Diego Puerta (El Ruedo 1963)

Il n’est plus rare que le toro “seul” y compris au moment de la mort monopolise l’attention du photographe qui va ainsi l’immortaliser sans que cela n’ait déclenché des vagues de protestations, bien au contraire. Cela a donné une des photos taurines les plus célèbres de Lucien Clergue et une série de Botan primée à New York dans le cadre d’un prestigieux concours international.

 

Photo Lucien Clergue

 

Photo Fernando Botan Castillo. La mort du toro brave (série)
Historia de la fotografia taurina

Cette période compte beaucoup de photographes taurins importants et à ceux déjà cités on peut ajouter Arjona, Chapresto et bien d’autres encore mais faire une liste exhaustive serait long. Signalons que cela a été réalisé avec une grande précision dans l’ “Historia de la fotografia taurina” de Manuel Duran Blasquez et Juan Miguel Sanchez Vigil.

Litri. Photo Pepe Arjona

 

Rafael Ortega. Pamplona 1950. Photo Chapresto

Désormais pour la photo taurine, de nouvelles voies d’investigation sont ouvertes et tous ceux qui sont arrivés par la suite n’ont eu qu’à s’y engouffrer, certes avec leur vision personnelle, mais en ce qui nous concerne, nous photographes taurins de France, nous devons reconnaître en Lucien Clergue un peu notre maître à tous.

Hommage à “Oye mucho”, toro brave et hommage à Lucien Clregue
Novillo de Fidel San Roman. Céret 2010

Voir aussi : http://www.michelvolle.com