Observatoire National des Cultures Taurines

Observatoire National
des Cultures Taurines

Texte de Jean-Jacques Dhomps
Mise en page de Charles Crépin (Vingt passes, pas plus)
 

Depuis ses débuts, il a assisté en Espagne, France et Amérique, à plus de 9000 corridas, il a été témoin de la mort de Manolete, il a fréquenté, quelquefois de très près, toutes les personnalités étrangères, surtout américaines, qui ont hanté l’Espagne du plan Marshall, alors sous la férule du dictateur-caudillo pro-américain. Né le 18 décembre 1912 à Alicante dans une famille relativement aisée, ses parents étaient plagistes, il vient d’avoir 100 ans !

Ce petit homme menu et frêle était, à 14 ans maître-nageur dans l’entreprise de ses parents, à 16 ans novillero, comme son père, Vicente Cano, «Rejillas», le fut. À 18 ans il était boxeur dans la catégorie poids-mouche, quand, à 20 ans, à Madrid, son parrain l’initie à la photographie. Il y a trouvé sa voie, il sera photographe.

De sa brève période de novillero, Jacques Durand a rapporté dans l’une de ses chroniques de l’Exprès, l’épisode suivant : “ Un jour à Alicante, un novillo lui arrache les testicules. Cano les récupère dans le sable, se les remet en place et part se faire recoudre à l’infirmerie. Ça ne l’empêchera pas de fonder deux familles.” À 100 ans, il reste ingambe et bien “remboursé”.

Au travers de ces préliminaires, vous avez reconnu que le fringant héros dont il s’agit n’est autre que le célèbre photographe Francisco Cano Lorenza “Canito”.

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Il eut le privilège d’être le seul photographe présent dans les arènes de Linares le 28 août 1947, d’y photographier la cogida tragique de “Manolete” et, au petit matin du 29 août, de le photographier sur son lit de mort.

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Ces photos firent le tour du monde. À partir de là, les stars anglo-saxonnes, visiteuses de l’Espagne dans les années 50-60 du siècle dernier, souhaitèrent poser devant son objectif, telles, entre autres, que Rita Hayworth, Ava Gardner, Alexander Fleming, Gary Cooper, Orson Welles, Bing Crosby, Hemingway, que lui présente Ordónez et qui lui paie l’avion pour venir fêter avec lui San Fermín. Ils prendront ensemble de monumentales cuites à Pampelune…

“Canito” vénérait et révérait Manolete” quand il était vivant et il continue à le considérer comme “le plus grand de tous les temps”. Il est, aussi, une femme qu’il a beaucoup photographiée, beaucoup admirée, et qu’il considère comme la “plus belle créature qui ait jamais existé.“ Il proclame à tout venant  l’avoir tenue dans ses bras et  partagé son intimité jusqu’à ce qu’il se saoulent assez souvent ensemble. Sur le premier point, peut-être qu’il se vante, mais, sur le second nous pouvons le croire, Ava Garner ayant notoirement assumé une franche et solide intempérance.

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  Les photos collectionnées par Francisco Cano constituent une prodigieuse mémoire de la corrida, de l’après-guerre à nos jours, et un précieux témoignage historique et sociologique sur les célèbres étrangers qui fréquentaient l’Espagne dans les années 50-60 du siècle dernier, alors que la corrida, après des années sombres, y était recherchée comme un flamboyant spectacle exotique où il faisait bien de s’afficher.

Pour voir une vidéo montrant quelques-unes des photos de Francsico Cano, cliquer ici.

Cet éternel jeune homme s’apprête à “couvrir” la temporada 2013 et nous lui souhaitons de continuer encore avec autant de bonheur durant de nombreuses années.

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¡ Feliz cumpleaños “Canito” !