Observatoire National des Cultures Taurines

Observatoire National
des Cultures Taurines

Michel Volle est né en 1948 à Arles. Aficionado dès son plus jeune âge, il développe plus tard sa passion pour la photographie, commençant à publier ses photos taurines dans les années 80. Après quelques parutions dans TOROS, il est fidèle durant toute la durée de son existence à la revue TENDIDO, et actuellement au magazine TOROMAG. Pendant toutes ces années il se consacre à la fois à cette double passion, aficion et photographie, et à sa carrière de professeur d’histoire en lycée où il s’efforce aussi de créer des activités et un enseignement autour de la photo et de l’histoire des arts. Après une première exposition en 1985, consacrée à l’Ardèche, il présente souvent ses photos taurines, partout où le toro est présent, et cela dans le cadre d’expositions toujours renouvelées, accompagnées parfois de publications éditoriales. S’il consacre beaucoup de son temps à photographier la tauromachie dans tous ses aspects, il présente aussi de nombreuses expositions sur d’autres thèmes accordant une place particulière à celui de la solitude, celle présentée en mai 2011 à l’espace Van Gogh d’Arles lui étant entièrement consacrée.

Ce qui suit constitue l’introduction d’une petite chronique qui comprendra plusieurs chapitres accessibles au moyen du plan réactif, dans la colonne de droite ci contre —>
Voir le chapitre III, inédit jusqu’ici.

Voir aussi : http://www.michelvolle.com

 

 Introduction

Textes et photographies de Michel Volle, sauf si mention spéciale

Depuis sa naissance, au début des années 1820, la photographie s’est développée, sous l’impulsion de ses pionniers et de photographes de différentes époques. Au fil du temps elle s’est affirmée à la fois comme un moyen de communication et de diffusion, et comme un domaine de création artistique à part entière.

Les sujets photographiés ne sont que des supports pour les investigations des photographes. Leur personnalité et leur talent peuvent permettre d’élever au rang d’oeuvre d’art une photographie qui aurait pu être anodine. Il y a cependant des thèmes qui peuvent sembler plus propices que d’autres à favoriser la dimension artistique d’une photographie. La tauromachie, domaine artistique à part entière, sans nul doute en fait partie. Par les émotions qu’elle génère, aussi bien au niveau du danger, toujours présent dans le combat livré par l’homme au taureau, qu’au niveau de la grandeur qui peut s’en dégager, la tauromachie constitue pour le photographe un champ d’investigation et de création tout à fait exceptionnel.

 

Emotion se dégageant du réel danger de l’instant.

Alejandro Talavante (qui va s’en sortir indemne),Toro de Nuñez del Cuvillo, Mt de Marsan 2011

Emotion dégagée en priorité par le dominio et le temple lors de l’exécution de ce pecho, même si le danger est aussi présent

El Juli, toro «Pasion» de Domingo Hernandez, Arles 2011

Couleurs, mouvements, ombres et lumières offrent au photographe d’innombrables  possibilités de créativité mais pour autant il ne faut pas s’imaginer que la photographie taurine est pour cela un genre facile, bien au contraire. Elle exige pour celui qui veut s’y essayer non seulement des connaissances pour la création des images mais aussi un savoir taurin. Le photographe taurin se doit donc d’être aussi un bon aficionado. De cela également dépendra la valeur des photos réalisées, étant bien entendu que sans valeur taurine une photo ne pourra pas être considérée comme telle, même si on doit lui reconnaître une dimension artistique. A partir de là ce qui va être le plus difficile pour le photographe taurin c’est d’être capable d’innover, de réaliser des images très personnelles, rarement ou jamais vues, donc qui s’écartent des contraintes habituelles sans renoncer pour autant à la dimension taurine de la photographie.

 

Estocade portée en trichant sans aucune prise de risque. Cette photo n’a qu’un intérêt c’est celui de dénoncer le vilain geste. Si elle est montrée sans le préciser, comme une simple estocade, elle n’est pas taurine, j’irai même jusqu’à dire qu’elle est anti-taurine. En plus, de par la lumière qui est faible, la photo n’a que très peu de relief.

El Juli, toro de Zalduendo, Nîmes 2011

 

Dans ce cas, la demi-véronique est exécutée à la perfection, cette photo a une grande qualité taurine(*), et en plus lumière, couleurs et mouvement lui donnent également une dimension artistique.

Daniel Luque, toro de Zalduendo, Nîmes 2011

(*) Petit dialogue entre la Rédaction et Michel Volle :

La Rédaction – Si ce n’est que, rien n’étant jamais tout à fait parfait, d’un point de vue strictement taurin, la pointe de la corne droite ne soit pas un modèle du genre.

Michel Volle – Pour ce qui est des cornes, j’en parlerai plus tard, c’est un problème car dans certaines corridas il est difficile de les avoir intactes, par contre il est facile de les retoucher, alors que faire ? C’est un cas de conscience pour le photographe.

La Rédaction – Il s’agissait d’une toute petite taquinerie, Cher Michel, que nous n’aurions pas imaginé si propre à provoquer l’attente et stimuler l’intérêt de nos visiteurs…
Votre “cas de conscience” montre, en effet, que  chez vous le photographe se double d’un aficionado de grande qualité et de parfaite rigueur. Merci de ne pas avoir retouché la pointe de la corne. C’est un excellent prélude à l’un de vos prochains articles que vous nous annoncez déjà, ci-dessous, et qui abordera cette stimulante dialectique entre la photo de reportage et l’œuvre d’art”.

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A suivre …

Au fil des chroniques nous développerons ces considérations en abordant successivement :

“L’évolution de la photographie taurine de ses origines à nos jours”

 évoquant en parallèle les innovations technologiques et les transformations de la fiesta, puis

“La photographie taurine entre reportage et œuvre d’art”

prenant des exemples dans chacun des domaines spécifiques qui composent ce très vaste domaine qu’est la photographie taurine.