Observatoire National des Cultures Taurines

Observatoire National
des Cultures Taurines

 

C’est sans doute le plus drôle des bovidés fantastiques mais aussi l’un des plus dangereux. C’est un peu notre « manso » mythologique, un taureau trapu à l’air menaçant et aux cornes recourbés en volutes. Il possède en outre une crinière abondante comme celle d’un cheval. Manso car il ne charge pas, le bonnacon a une façon bien particulière de se défendre… En cas d’attaque il déverse par son derrière une fiente odorante et brulante qui repousse tous ceux qui chercheraient à le capturer ou le tuer.

D’abord évoqué par Aristote puis par Pline l’Ancien dans son Histoire Naturelle qui en fait une définition très précise :

« On parle d’un animal sauvage en Paionia appelé bonasus, qui a la crinière semblable à un cheval, mais est à tous les autres égards un taureau ; ses cornes sont recourbées en arrière de manière à ne lui être d’aucune utilité pour le combat, et il est dit qu’en raison de cela, il se sauve par la fuite, en attendant l’émission d’une traînée de gaz qui couvre parfois une distance de trois Furlongs (600m), et brûle les poursuivants qui entrent en contact avec comme une sorte de feu »

Le bonnacon originaire d’Asie ou de Grèce selon les légendes est très présent dans les Bestiaires médiévaux. Sa représentation n’évolue pas beaucoup excepté la couleur de ses excréments marrons, verts ou rouge.

 

Même si on émet légitimement quelques doutes sur son existence il semblerait qu’il soit l’incarnation d’un taureau sauvage ou d’un bison. L’étude du bonnacon est néanmoins passionnante et on se pose évidement la question de savoir pourquoi ce taureau charge mais par son derrière ? A-t-on voulu évoquer la toute-puissance du Dieu taureau qui même sans les cornes possède une sacralisation immuable ou au contraire une désacralisation ? A moins que ce ne soit une manière de rappeler à l’homme que malgré son statut de chasseur et d’être supérieur il n’est jamais à l’abri de recevoir la plus basse des punitions…