Observatoire National des Cultures Taurines

Observatoire National
des Cultures Taurines

Paris, le 25 mai 2011

 

Monsieur Frédéric Mitterrand
Ministre de la culture et de la
communication
Ministère de la culture et de la
communication
Cabinet
3, rue de Valois
75033 Paris Cedex 01

 

Monsieur le Ministre,

 

Nous sommes très heureux d’apprendre que la commission compétente du ministère de la culture a jugé recevable le dossier sur la corrida présenté par l’observatoire national des cultures taurines et qu’en conséquence la tauromachie, telle qu’elle est vécue et pratiquée en France, a été inscrite sur la liste du patrimoine culturel immatériel de notre pays. 

Cette décision, nous le savons, n’est pas autre chose que la prise en compte scientifique de la dimension culturelle de la corrida et, en quelque sorte, l’explicitation, de ce point de vue, des raisons pour lesquelles la loi et la jurisprudence françaises ont légalisé depuis plus d’un demisiècle cette pratique dans « les régions de tradition locale ininterrompue ». Mais elle constitue sans aucun doute une avancée pour le respect de la diversité des expressions culturelles qui a fait l’objet d’une convention signée par l’ensemble des Etats membres de l’UNESCO, dès lors que ces expressions sont conformes à la déclaration universelle des droits de l’homme. 

Ceux dont la sensibilité, dans notre pays, s’oppose à la corrida méritent autant de respect que ceux qui adhèrent à cette tradition en raison d’un héritage familial ou d’une initiation qu’ils ont accomplie de leur propre chef. Dans tous les cas la liberté culturelle des uns et des autres doit être garantie. Telle est la signification principale que nous voyons à l’inscription de la corrida sur la liste du patrimoine culturel immatériel de la France, au vu des observations et des réflexions exposées par un comité de chercheurs et d’universitaires dont les compétences scientifiques en la matière sont indiscutables. Toute pression exercée pour faire annuler cette reconnaissance de la tauromachie comme une culture vivante, qui contribue à l’identité des régions où elle se pratique, et qui a, par ailleurs, inspiré hier et aujourd’hui de grandes œuvres de la littérature et des arts plastiques et visuels, ne peut être, selon nous, qu’une réaction d’obscurantisme et d’intolérance. 

En saluant, encore une fois, l’ouverture d’esprit dont le ministère de la culture a fait preuve, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de nos sentiments les meilleurs.   

 

Eric Barbier, cinéaste ;

Christophe Barratier, cinéaste ;

Bartolomé Bennassar, historien, ancien président de l’Université de Toulouse-Le Mirail ;

Daniel Benoin, auteur, metteur en scène et comédien, directeur du Théâtre national de Nice ;

Vincent Bioulès, artiste peintre ;

Jean-Loup Bourget, professeur des universités, chaire d’études cinématographiques, Ecole normale supérieure de Paris ;

Sophie Calle, artiste ;

Jean-Paul Capitani, membre du directoire des éditions Actes Sud ;

Jean Cardot, sculpteur, membre de l’Académie des Beaux-Arts ;

Philippe Caubère, comédien, auteur et metteur en scène ;

Jean-Paul Chambas, artiste peintre ;

Yves Charnet, poète et écrivain;

Lucien Clergue, photographe, membre de l’Académie des Beaux-Arts ;

Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, chaire de littérature française, moderne et contemporaine ;

André Comte-Sponville, écrivain et philosophe ;

Michel Deguy, poète et écrivain ;

Florence Delay, écrivain, membre de l’Académie française ;

Vincent Delecroix, écrivain, professeur de science des religions à l’Ecole pratique des Hautes études ;

Georges Didi-Huberman, écrivain et philosophe ;

Michel Dieuzaide, cinéaste et photographe ;

Jean-Pierre Digard, anthropologue, directeur de recherche émérite au CNRS ;

Françoise Gilot, peintre ;

Jean Jamin, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS, directeur de la revue L’Homme ;

Gérard Jugnot, acteur et réalisateur ;

Jean Lacouture, écrivain ;

Christian Lacroix, designer ;

Claude Lanzmann, écrivain et cinéaste, directeur de la revue Les Temps Modernes ;

Francis Marmande, professeur des universités émérite, Université de Paris-Diderot ;

Jean Nouvel, architecte ;

Denis Podalydès, comédien, auteur et metteur en scène, sociétaire de la Comédie française ;

Michel Portal, musicien ;

Alain Renaut, professeur des universités, chaire de philosophie morale et politique de la Sorbonne ;

Jean-Michel Ribes, auteur, metteur en scène et directeur du Théâtre du RondPoint (Paris) ;

Philippe Roger, historien de la littérature, directeur d’études à l’EHESS, directeur de la revue Critique ;

Hervé di Rosa, artiste peintre ;

Guy de Rougemont, peintre et sculpteur, membre de l’Académie des Beaux-Arts ;

Claude Viallat, artiste peintre ;

JeanDidier Vincent, professeur de physiologie à la Faculté de médecine de Paris XI, membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie de Médecine ; 

Francis Wolff, philosophe, professeur des universités, Ecole normale supérieure de Paris.